La Plage était rouge / Galerie de l’Atelier Bergère Paris 9e
Je participe comme résidente-photographe en avril 2022 aux Rencontres de la jeune photographie internationale à Niort.
Je réalise à cette occasion que ma grand mère Mana avec laquelle j’ai un lien particulier, passait ses étés à côté de là, à Champdeniers, village originel de son père.
Mana m’avait tant parlé de sa jeunesse légère et ensoleillée au Maroc. Elle avait manqué de me parler de son lien avec la France, ce village du côté paternel où pourtant l’une de ses sœurs avait grandi loin des autres.
De cet oubli, je décide alors de m’aventurer dans ses récits, ses envies d’ailleurs, et ses images dorées d’un paradis perdu entre Maroc et campagne Niortaise.
Travaillant sur la surimpression d’images et l’intemporalité, je me mets en quête de lier le passé, le présent et sans doute l’avenir.
Comme moi, Mana appartient à une famille de quatre sœurs libres, bavardes, indociles, élégantes, fantasques et joueuses.
Mais lorsque la guerre éclate en septembre 1939, une de ses sœurs Jeanine, n’arrive pas à attraper la dernière liaison par bateau vers le Maroc. Celle-ci reste alors une partie de son enfance en France et grandit loin de ses sœurs.
Comment ces quatre sœurs avaient-elles pu être séparées alors qu’elles aimaient, respiraient et rêvaient le même air ?
J’ai voulu les rassembler par une correspondance de paysages mentales et imaginaires, leur créant ainsi un nouvel espace de jeu : un été inventé où la plage était ROUGE.
Pour donner vie et inscrire ces récits dans le présent, j’ai réuni ces femmes de ma famille d’époques différentes autour d’une même boussole « la plage », vidéo réalisée à partir d’images nouvelles et d’archives super 8 en veillant à une perte de temporalité et de confusion d’identités de ces femmes qui se ressemblent.
Plongeon rouge (2022)
Quand Louise rencontre des copains, elle me tient la tête sous l'eau pour me cacher.
Elle m'oublie. Je bois la tasse et ça l'a fait rire.
Gino part souvent pêcher sur une presqu’île de Manesman.
Mamita accroche alors un grand torchon blanc au cabanon en bois comme un drapeau pour lui dire que le déjeuner est prêt.
Elle fait la fantôme autour de la table de la salle à manger.
Je voudrais m’enfuir et revenir chaque dimanche.